Inauguration
du presbytère de Tastavy
Discours
d'inauguration par Robert PISTRE
Président du Conservatoire de Tastavy
Maire de nages
1er juillet 2006
Monseigneur, Mesdames, Messieurs,
C’est pour nous un grand honneur et une grande
joie de recevoir la visite de notre archevêque à Tastavy,
le bout du monde dans son diocèse, mais qui est pour nous aujourd’hui
un point de rassemblement.
Heureuse coïncidence, pour l’inauguration
de l’exposition vous avez pu fêter Saint Pierre, le patron
de cette église, comme il l’est de cinq autres églises
tout autour : celle des Vidals, celle de Cambon, celle de Labassière,
celle de Canac et celle de La Capelle.
Je remercie les prêtres qui sont avec vous,
le père Hermandon qui a la charge de venir parfois ici célébrer
la messe, dans le cadre de la grande paroisse St Jacques des lacs.
Situé dans le Tarn, mais inclus dans une paroisse héraultaise,
Tastavy est un pont entre les deux diocèses. Je salue aussi
deux figures bien connues ici : André Pierre Antoine ancien
curé de Lacaune, qui n’a laissé que des bons souvenirs
et Jean Record, l’enfant du pays en fonction à Réalmont.
Le père Arnal s’excuse mais nous rejoindra pour le repas.
Je tiens à saluer les représentants
de la communauté protestante qui nous font l’amitié
d’être là dans le sens de la démarche vers
l’unité qui doit nous animer. Nous les accueillons avec
fraternité et nous espérons que nous pourrons avoir
des relations fructueuses avec Ferrières, le haut lieu de la
mémoire protestante, même si nos ambitions ne sont pas
à la même hauteur.
Je remercie la chorale Notre Dame de Montalet qui a préparé
dans une chaleureuse complicité les chants de cette célébration.
Je remercie les Scouts qui nous ont fait récemment
l’heureuse surprise de venir nous aider et de se joindre à
nous aujourd’hui.
Je remercie les élus de la région,
notre député, les conseillers généraux,
les maires, les élus du SIVOM. En remerciant plus particulièrement
celui-ci qui a pris en charge la rénovation du strict minimum
du gros œuvre (sols, sanitaires et électricité,
mais en laissant les murs en leur état rustique, très
rustique, très authentique). Pour cela il y a eu des subventions
et merci à Philippe Folliot qui a décacheté son
enveloppe parlementaire. Je remercie les entreprises qui sont intervenues
et plus particulièrement MM. Cambiès, Oulès et
Cabanel.
Je tiens à remercier tout particulièrement le maire
de La Salvetat et son adjoint pour la précieuse aide apportée
notamment pour le raccordement au réseau d’eau.
Je félicite les employés communaux de Nages pour la
qualité des aménagements des abords et les employés
du SIVOM pour les préparations du local brut.
Je voudrais vous dire que tout ce qui est à
l’intérieur provient de dons ou de dépôts
ou bien a été acheté et mis en place par une
association, le conservatoire de Tastavy, dans le cadre de décisions
prises en conseil d’administration qui doit être remercié
pour son actif travail.
Je voudrais rendre un hommage particulier à
deux Albigeois, Patrick et Anne-Marie Garnier : ils ont été
les piliers de cette opération. Ils ont été les
concepteurs et en grande partie les réalisateurs de la mise
en place de l’exposition. Je connais Patrick depuis plus de
trente ans, c’est un professeur de l’école des
mines de Paris qui était encore récemment directeur
d’une école d’ingénieurs à Toulouse.
Anne-Marie est directrice de service social et psychosociologue. Elle
est membre de la commission d’art sacré du diocèse.
Bravo pour votre travail, bravo pour votre intelligence sur le fond,
bravo pour votre efficacité dans l’action, bravo pour
votre goût des belles choses et bravo pour votre réussite
avec nos moyens limités. Il y a même, grâce à
vous, un site internet, Tastavy.com. Bien sincèrement, merci
Anne-Marie et Patrick.
J’exprime ma gratitude à tous les dévoués
bénévoles et aux généreux donateurs qui
ont participé à cette entreprise. Beaucoup d’acteurs
locaux se sont impliqués de manière admirable. Sans
eux tout cela n’aurait pas été possible et j’ai
été très touché de leur motivation. A
titre d’exemple, Louis Bessière a façonné
avec amour des menuiseries dont celles de l’escalier. Avec la
double coïncidence que son épouse a été
baptisée ici, et que c’est son grand-père qui
il y a juste cent dix ans avait refait ici la voûte, la charpente
et la toiture de cette église. On a même le relevé
des frais des ouvriers à l’auberge des Barthéses !
Pour terminer avec les remerciements, je voudrais
citer les paroisses qui, en prévision de travaux, nous ont
laissé en dépôt ou donné certains objets
précieux : en particulier la paroisse de Murat et il y a quelque
temps déjà celles de Boissezon et de Moulin-Mage.
Il y a six mois, il fallait voir la ruine qu’était
le presbytère. En affichant votre venue aujourd’hui pour
l’inauguration, Monseigneur, vous avez rendu possible le miracle
que les choses soient effectivement en place, pour le mois de juillet
(même s’il reste des choses à compléter) !
Un petit mot d’histoire. Cette église
a été construite par un entrepreneur de Lacaune suite
à une commande des habitants passée en août 1827
pour livraison dix mois plus tard pour la Saint Pierre. La commande
a été faite suivant des modalités qui existaient
il y a encore un demi-siècle : celui qui passait commande
apportait les pierres et le sable et il allait chercher la chaux ;
le maçon mettait en place les matériaux et apportait
les pierres de taille. Les paroissiens ont fourni les matériaux
et les plus riches ont aussi donné de l’argent, avec
une très forte implication des habitants des Barthézés
qui se sont portés garants sur leurs biens. L’appellation
de la gleizo das Barthézés n’est pas usurpé.
Autour de Tastavy, il reste très peu de paroissiens
historiques. C’était la paroisse des bouscassiers (des
hommes des bois), qui vivaient de ce travail, du fruit d’un
petit lopin de terre et partaient pour le travail saisonnier de la
vigne. La paroisse s’est fortement dépeuplée.
Mais la mémoire orale s’est très bien conservée.
Les plus anciens ont connu leurs grands-pères qui leur racontaient
ce que disaient leurs grands parents eux-mêmes témoins
de la construction de l’église. Eh bien, Monseigneur,
la mémoire orale dit que vous êtes le premier archevêque
d’Albi à venir célébrer une messe ici.
Je voudrais souligner trois éclairages sur
le travail fait par le conservatoire de Tastavy :
Premièrement : l’association qui a mis tout cela
en place est une association culturelle indépendante, mais
il lui a paru évident que pour traiter un pareil sujet, elle
ne pouvait le faire qu’en liaison avec l’Eglise et je
remercie tous les membres du clergé qui nous ont apporté
leurs remarques et leurs conseils. Je dois avouer que quand cette
opération a été lancée, je ne la croyais
pas aussi compliquée. Aborder le sujet du sacré, c’est
effectivement complexe, car, comme me l’a dit l’une d’entre
vous, cela touche le plus profond de notre cœur. A travers les
formulations sur les objets, sur les rites et sur leur signification,
on aborde les questionnements les plus redoutables que l’Homme
se pose, sur le sens de sa destinée, sa grandeur, de ses misères
et de ses contradictions.
Les nombreuses fiches d’explications permettront d’améliorer
la culture sur le fait religieux, comme on dit maintenant. Elles permettront
aux catholiques de mieux comprendre l’expression de leur foi
et aux visiteurs, chrétiens ou non chrétiens de découvrir
les signes et objets de culte propre à la religion catholique.
Deuxièmement, nous avons voulu présenter
la mémoire religieuse dans la dynamique temporelle. Elle s’inscrit
dans le passé avec la grande richesse des ornements d’hier,
elle se poursuit dans le présent avec plus de simplicité
et d’ascèse sur l’essentiel du message, pour se
projeter dans le futur.
Nous vivons une époque qui est loin de tout cela. Elle est
marquée par la puissance des médias qui conduit à
se polariser sur l’instant. Seul compte ce qui se passe aujourd’hui,
avec un engrenage médiatique qui conforte ce mouvement. Le
passé n’a pas d’intérêt. Et symétriquement
l’avenir non plus. C’est la civilisation de l’immédiateté.
Devant cette dérive, les grandes religions doivent assurer
pleinement leur fonction prophétique.
Troisièmement, nous avons préféré
une présentation didactique à une collection d’objets
sacrés qui aurait consisté à en faire un trésor
du patrimoine religieux.
Nous avons voulu présenter un objet de chaque sorte avec les
explications pour la compréhension du visiteur. Nous avons
déjà l’essentiel, mais nous sommes prêts
à prendre en dépôt tous objets sacrés originaux
ou portraits de figures emblématiques de l’Eglise, comme
l’était le père Bosc, curé de Cabanes.
Notre objectif n’est donc pas de vider les sacristies. Cela
laisse entière la nécessité d’inventorier
et de préserver les trésors d’art sacré
de toutes les églises, suite aux directives convergentes du
Préfet et de l’Archevêque.
Voilà, il existait déjà beaucoup
de lieux de mémoire dans cette région : (le chemin
de Saint-Jacques avec l’église de Murat et le plus beau
monument d’architecture religieuse de la région qu’est
la chapelle de Saint Etienne de Cavall avec la merveilleuse Vierge
Noire Notre-Dame d’Entraygues, les musées de Lacaune
ou celui de Rieumontagné demain celui de Murat sur les mégalithes,
la filature Ramon, le moulin de Narulle, les châteaux de Boissezon,
de Canac ou de Nages, Maison de Payrac, etc….). Nous avons voulu
apporter une contribution originale avec le presbytère de Tastavy.
Le travail de mémoire sur notre patrimoine
n’est pas figé. De belles choses se créent aujourd’hui.
Vous les découvrirez par exemple dans l’église
de Nages, en allant voir les toutes récentes fresques qui s’inscrivent
bien dans l’architecture. Je salue le talent de Michaël
Greschny et sa réelle inspiration.
Si aujourd’hui le patrimoine est à l’honneur, ce
n’est pas notre seul souci. Je voudrais rappeler notre volonté
d’être efficaces sur le plan économique et social
avec toutes nos activités, je pense aux acteurs et à
leurs organisations collectives. Nous voulons bien accueillir les
visiteurs et je salue l’action du réseau Monts de Lacaune/Caroux/Plateau
des lacs. Je souhaite que nous sachions préserver intelligemment
notre nature et bien aménager nos villages. Enfin nous avons
le souci d’une société solidaire et je pense à
des actions exemplaires, comme celle de l’ADMR.
Ainsi, à partir des talents que nous avons
reçus en dépôt, nous exprimons l’amour de
notre pays, pour qu’il soit fierté de ce qu’il
est, fierté de ses valeurs et, que de la sorte, il soit plus
attirant, à l’exemple d’autres régions authentiques
comme le Pays basque dans les Pyrénées Atlantiques.
Je vous remercie tous et j’espère que
vous apprécierez le travail effectué. Nous sommes preneurs
de toutes remarques pour toutes améliorations rendues plus
faciles par le mode de présentation. Votre adhésion
ou vos dons sont les bienvenus : notre trésorier, Guy
Séverac est à votre disposition !
Je vous invite maintenant à prendre le verre
de l’amitié, tout en vous laissant visiter les lieux.
Et encore merci Monseigneur et vous tous d’être venus
jusqu’ici.
Quelques
photos de la cérémonie
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